Né à Marseille le 21 décembre 1888,Jean Bouin a été le premier homme à courir plus de 19 km par heure ! Premier grand athlète français de l’histoire, c’est une légende qui a marqué le sport d’avant-guerre. Une star qui fut l’ami de Maurice Chevalier, de Mistinguett, et de Georges Carpentier, futur champion du monde de boxe.
UN SPORTIF COMPLET
Sa renommée, Jean Bouin la doit à ses aptitudes physiques. Car il court vite et longtemps. Et ce, dès la cour de récréation de son école, où officie Joseph Pagnol, père du fameux écrivain. Il débute l’athlétisme à l’âge de 15 ans et se classe rapidement parmi les meilleurs régionaux. Mais, avant de se spécialiser, il s’essaye à la natation, au vélo, au football, à l’escrime et à la gymnastique.
ENTRAÎNEMENT ET HYGIÈNE DE VIE
Jean Bouin s’alignera sur 210 courses jusqu’à sa mort et en remportera 182. Des victoires qu’il doit à un entraînement quasi scientifique et à une hygiène de vie surprenante (tout est pesé) à une époque où cigarettes et alcool avaient encore les faveurs des athlètes. Des méthodes qu’il théorise même dans un livre publié en 1912 : Comment on devient un champion de course à pied.
LES JEUX OLYMPIQUES
Sa première grande consécration internationale, Bouin aurait pu la connaître à Londres, où il dispute le 1 500 mètres et le 3 miles par équipes des JO de 1908. Mais la veille de la finale du relais, lors d’une sortie non autorisée, il se bat et finit la nuit au poste. Il sera privé de finale. L’athlète fera de nouveau parler de lui lors des JO de 1912, à Stockholm, en décrochant la médaille d’argent sur 5 000 m, manquant l’or de peu, et dépassant largement le record du monde de la discipline en parcourant la distance en 14 min 7 s. Ce temps, qui est aussi l’un de ses 38 records de France, tiendra jusqu’en... 1948 ! C’est aussi à Stockholm qu’en 1913, il battra 3 de ses 7 records du monde et obtiendra le record de l’heure avec 19,021 kilomètres parcourus (il ne sera battu qu’en 1928).
MORT POUR LA FRANCE
À son retour à Paris, Jean Bouin est accueilli en héros. Mais la Première Guerre mondiale éclate et le sportif ne s’imagine pas la passer à l’arrière, alors qu’une hypertrophie cardiaque et les faveurs du gouverneur militaire de Paris et du général Gallieni le lui auraient permis. Il meurt sur le champ de bataille à 25 ans, le 29 septembre 1914, sans doute victime d’une erreur de tir de l’artillerie française, comme l’indique le journaliste René Espana dans une biographie qui lui est consacrée.